Lutter contre la discrimination à l’embauche
Religion, sexe, âge, origine, physique… les discriminations à l’embauche sont multiples. Comment mettre plus de chances de son côté malgré cet état de fait ? Quelques pistes à explorer.
– Avoir conscience des réalités mais prendre du recul
Déjà, en 2009, les conclusions du baromètre des discriminations créé par Adia étaient éloquentes : à compétences et expériences égales, Nicolas Dupont, 32 ans, blanc de peau, ni maigre ni obèse, a trois fois plus de chances d’être convoqué à un entretien d’embauche qu’un candidat âgé ou au patronyme maghrébin ; deux fois plus de chances qu’un candidat handicapé et 1,5 fois plus de chance qu’une femme. Depuis, les discriminations ont perduré, les plus importantes étant celles liées à l’âge, juste après l’apparence physique. Si les femmes semblent moins discriminées, il n’en va pas de même pour les hommes d’origine musulmane. Selon une étude de l’Institut Montaigne, un candidat perçu comme musulman pratiquant a quatre fois moins de chances d’être convoqué à un entretien qu’un catholique (4,7 % contre 17,9 %). Malgré ces données alarmantes, la première chose à faire est d’essayer de ne pas tomber dans la paranoïa, ce qui aurait pour conséquence de vous auto-saborder. Quand vous postulez, essayez de ne pas y penser et concentrez-vous sur vos compétences et vos atouts. Si un CV sans photo est aujourd’hui moins consulté qu’un CV avec photo, ce critère n’apparaît cependant pas comme primordial. Si vous pensez que votre physique n’est pas avantageux, n’en mettez pas. En revanche, les études prouvent qu’en envoyant un CV anonyme, vous avez moins de chance d’être sélectionné.
– Insister sur ses compétences
“Les compétences d’abord”, c’est le slogan de la campagne de sensibilisation aux discriminations à l’embauche lancée par le gouvernement en avril 2016. Un appel aux recruteurs qui focalisent sur les différences. Mais aussi, pourquoi pas, aux candidats ! Dans tous les cas, développer ses compétences doit être le sujet principal d’un CV et d’une lettre de motivation. Compétences techniques ou qualités liées à sa personnalité, rapportez-les toujours au poste visé et aux objectifs que vous vous êtes fixés.
– Faire de ses différences un atout
Vous êtes une femme, vous postulez à un poste de mécanicien et vous sentez un certain “machisme” ? En dehors des termes techniques, que vous devez employer pour montrer vos compétences, vous pouvez dérouter votre interlocuteur en pratiquant l’humour et aussi montrer que des qualités plus “féminines” pourraient être des atouts, dans la relation client notamment. En effet, de plus en plus de femmes s’adressent aux garagistes par exemple ! Autre cas de figure : vous avez un nom à consonance étrangère et vous avez grandi dans une cité ? Vous avez d’autant plus de mérite à avoir décroché un diplôme supérieur. Chiffres à l’appui. Et si malgré tout, vous constatez une discrimination “réelle” envers vous lors de votre recrutement, il existe des moyens juridiques d’agir. Les recruteurs malveillants peuvent encourir jusqu’à 3 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende.